Déjà le bruit du fer qui s’entrecroise se faisait entendre. Les gémissements des soldats à l’agonie, les cris des commandants cherchant désespérément à se faire entendre au milieu du brouhaha de la bataille, le bruit sourd des corps s’affalant à terre, les incantations des mages…Tout était maintenant perceptible aux oreilles du Garde de Pierre, tout ces bruits familiers qui faisaient bouillonner son sang de guerrier, qu’il connaissaient si bien…
Chacun de ces sons étant associé aux sentiments qu’il éprouve lorsqu’il se trouve en plein cœur d’une bataille. Des sentiments chargés de rage, de haine mais aussi de peur. Cette peur qui lui avait déjà sauvé la vie à plusieurs fois mais qu’il détestait pour ce qu’elle signifiait, la lâcheté…
Il avait justement trouvé un remède à cette peur qui l’empêchait de combattre pleinement. Il l’avait découvert le jour où il dut s’engouffrer au cœur des ruines de Tyrdras. Ayant entendu parler du pouvoir hypnotique du chant des créatures qui gardaient les trésors de la cité engloutie il avait cherché, avant d’entrer, un moyen de résister à l’appel de la douce mélodie qui s’échappait de leur lèvres.
Il avait d’abord cherché au sol de quoi se boucher les oreilles, puis dans son sac qu’il fouilla vigoureusement. La recherche fut infructueuse, rien de se que contenait son sac ne semblait pouvoir empêcher le son d’atteindre ses tympans. Tout n’était pas perdu, dans sa fouille frénétique, il avait retrouvé des feuilles de mandragores qu’il avait sans doute oublié de vendre aux marché. Celle ci avait séché avec le temps et s’émiettait plutôt facilement.
Il connaissait bien les vertus hallucinogène de la mandragore mais connaissait aussi les risques qu’engendrait une trop forte inhalation des dégagements toxiques de la plante. Si il ne pouvait pas empêcher le son d’atteindre ses oreilles, il devait empêcher son cerveau de décrypter le message sonore.
N’ayant pas d’autres solutions, il avait sorti sa pipe et avait ajouté le mélange de tabac et de feuille de mandragore émiettées. Puis il avait tiré quelques bouffées…
Petit à petit les effets narcotique avait pris le contrôle de son être et une étrange sensation de relâchement et de bien être mêlé d’hallucinations le parcourait. Il ne ressentait plus ni la fatigue, ni le poids de son équipement, ni même la douleur dut à ses blessures, il était comme transcendé.
En s’engouffrant dans l’étroit passage qui l’amènerait dans la cité engloutie, Beregroth ne ressenti pas la peur qui habituellement le tenaille lorsqu’il pénètre en territoire ennemi. Non, elle s’était transformée en une sorte de courage mêlé d’inconscience. Cependant, même si il ne connaissait pas la peur sous l’emprise de la mandragore, ses réflexes en étaient considérablement amoindri, son corps ne lui obéissaient que difficilement et à se yeux ses ennemis n’étaient plus que des vulgaires ombres sans consistance. L’effet en restai tout de même agréable…
Depuis ce jour et avant chaque bataille, Beregroth avait pris l’habitude de sortir sa pipe et d’insérer dans le tête de celle ci son mélange de tabac et de mandragore. Sa première expérience lui avait appris qu’il fallait doser parfaitement la quantité de mandragore de manière à que le guerrier atteigne une sorte de transe, lui évitant ainsi de ressentir une quelconque peur, sans pour autant connaître de diminution physique ne pouvant que lui être néfaste lors du combat.
Il avait fait plusieurs essais lors de ses permissions et avait ainsi réussi à trouver le dosage idéal, trois pincées de feuille de mandragore effritées mélangé au tabac qu’il avait coutume d’acheter à un petit vendeur de Kazad a Gorog.
Beaucoup de ses compagnons de la Garde avait remarqué l’étrange manège auquel s’adonnait Beregroth, sortant avant chaque combat un petit sac de velours rouge de sa poche, y puisant on ne sait quoi tenu entre deux de ses doigt, et déposant délicatement cet ingrédient dans le fourneau de sa pipe. Répétant ainsi l’opération deux fois avant d’ajouter le tabac et d’allumer la pipe. Certain le regardait tirer frénétiquement de grandes bouffées, d’autres n’y faisait même plus attention mais rare sont ceux qui ont osé demandé au Chroniqueur quel était l’ingrédient qu’il ajoutait à son tabac, quant à ceux qui obtinrent une réponse, ils se comptent sur les doigts d’une main…
Mer 23 Aoû à 14:50